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Mindfulness en entreprise : 10 obstacles ou idées reçues

Les organisations doivent aujourd'hui louvoyer dans un monde en profonde mutation. L'incertitude prévaut, l'environnement change sans cesse, l'information est pléthorique, tout avance à grande vitesse. Dans cet environnement complexe, dirigeants et collaborateurs doivent eux aussi évoluer et développer de nouvelles capacités.

Dans ce contexte, la mindfulness est souvent présentée comme une pratique permettant de cultiver ces nouvelles ressources nécessaires aujourd'hui. Et de très nombreuses études prouvent les bienfaits de cette pratique, à bien des égards.

Pourtant, même si on observe bien un essor de la mindfulness en entreprise, il y a encore de nombreuses résistances à son déploiement dans le monde du travail. Entre préjugés, idées reçues et freins divers, dressons un inventaire de ces obstacles, pour ensuite mieux pouvoir les surmonter, ou les contourner…

#1 La méditation est opposée à l’action : ne rien faire, c’est contre-productif.

Méditer c’est s’arrêter, marquer une pause dans le tourbillon du quotidien. C’est cesser de faire. Et comme on tend à penser qu’il faut « faire » pour obtenir des résultats, il est courant de considérer la méditation comme opposée à l’action. Oui, lorsque l’on pratique la méditation, on se met en retrait du mode « agir » un moment, et on se consacre alors à « être » : être à l’écoute de tout ce qui se joue en nous, être plus focalisé dans nos actions, être mieux connecté à nos ressources intérieures, être capable de renouer avec notre énergie… C’est un temps profondément ressourçant, qui nous permet de nous réengager dans l’action avec une énergie et une efficacité renouvelées.

#2 La méditation, c’est spirituel voire religieux : pas de place pour cela en entreprise.

La méditation dont nous parlons ici est une pratique entièrement laïque, appelée parfois méditation de pleine conscience, ou de pleine présence (mindfulness en anglais). Son origine remonte à des pratiques de sagesse que l’on trouve dans différents courants spirituels millénaires, dont on a gardé la dimension « pratique » : un entrainement de l’attention à être au présent, intentionnellement et sans jugement. Cette définition est celle donnée par Jon Kabat Zinn, qui à la fin des années 1970 a transposé la pratique spirituelle en un protocole dédié à la réduction du stress. Cette approche est celle proposée dans les entreprises ; elle est respectueuse des croyances de chacun, et du cadre laïc de l’organisation.

#3 Méditer, c’est un truc de hippies, ou de start-ups de Californie.

C’est à la fin des années 1970 que la pratique de la méditation a commencé à être « formalisée » aux Etats-Unis (dans le cadre du protocole MBSR – Mindfulness Based Stress Reduction notamment) et étudiée par des scientifiques. Elle a commencé, à l’époque, par séduire des hippies en quête d’expériences nouvelles. Et la vogue « New Age » s’en est emparée. En parallèle, des centaines d’études scientifiques ont démontré les bienfaits de cette pratique, qui a commencé à pénétrer le monde des entreprises il y a une dizaine d’années. Nous sommes aujourd’hui très loin des clichés, alors que les neurosciences attestent d’effets profonds et d’un véritable pouvoir de transformation au cœur-même du cerveau.

#4 Pour méditer, il faut un matériel adapté (coussin, être sur le sol…)

Traditionnellement, la méditation se pratique souvent sur un coussin ou sur le sol, mais pas seulement. Et la question du matériel n’est bien souvent qu’un prétexte pour justifier un manque de motivation et de discipline pour persévérer… Ce qui compte surtout, c’est l’intention : cette posture assise en tailleur, sur le sol, le dos droit, a pour intention la stabilité et la vigilance. Et on peut tout autant méditer assis sur une chaise, au bureau ou dans le métro, ou encore debout, à l’arrêt ou en marchant. Aucun matériel particulier n’est nécessaire. Votre corps suffit !

#5 Comment puis-je méditer si je ne suis pas en silence ?

Le silence facilite l’apaisement de l’esprit et la disposition de l’attention à se déposer – surtout lorsque nous débutons sur le chemin de la méditation. Et pourtant, il est parfois difficile de trouver un lieu silencieux lorsque l’on veut méditer. Vous pouvez méditer en intégrant les sons, et en les utilisant comme objet d’attention. Cela demande un peu d’entrainement, mais c’est aussi tellement intéressant de jouer avec ce qui constitue notre environnement. Alors oui, vous pouvez méditer même dans le vacarme du métro ou du bureau…

#6 Méditer, c’est compliqué, et puis c’est long pour avoir des effets.

Méditer, c’est simple, mais ce n’est pas facile ! Quoi de plus simple que de s’arrêter, s’asseoir et goûter l’immobilité ? L’acte est si simple, mais poser l’acte est souvent si difficile. D’abord, il est nécessaire d’y penser : penser à s’arrêter quand nous sommes pris dans le flot de la journée, et ce dès le saut du lit. Puis il faut décider que oui, c’est important, même si nous avons tant à faire. Même si, au début, les « effets » ne se manifestent pas aussi rapidement que nous le voudrions, même si notre journée est déjà si remplie… justement, c’est là que méditer devient encore plus essentiel. Une priorité.

#7 Je n’ai vraiment pas le temps pour ça, mes journées sont déjà suffisamment remplies !

Méditer, c’est s’accorder du temps à ne « rien faire » dans des journées déjà surchargées. Quelle gageure ! Vous avez sûrement mieux à faire, que de ne rien faire… Et pourtant, ce temps-là est un cadeau précieux que vous vous offrez. Ce n’est pas un temps vide, c’est un temps plein. Lorsque vous méditez, vous renouez avec votre énergie, vous retrouvez des ressources aidantes, vous vous mettez à l’écoute de vos intentions profondes. Et ce temps n’est absolument pas perdu, il est au contraire gagné, pour vivre plus intensément, plus en harmonie avec qui vous êtes, et avec votre entourage.

#8 Méditer, ça vous ramollit, ça vous endort.

La vision de la méditation associée au « zen », au calme, à la sérénité, peut laisser penser que vous allez vous ramollir, voire vous endormir. Il est important de poser une distinction importante : méditer, ce n’est pas se relaxer, ni se relâcher. La relaxation peut intervenir, mais pas toujours. Et surtout, ce n’est pas l’intention de la méditation. Au contraire, l’intention tourne autour de la vigilance et d’une attention alerte. Les sens s’éveillent, la concentration s’affûte, vous vous éveillez à la vie dans toutes ses dimensions. Au travail, la méditation contribue à stimuler la motivation et à vivifier l’engagement – très loin d’un ramollissement…

#9 Dans la méditation, on doit tout accepter et donc renoncer à agir, même si c’est injuste ou intolérable.

Dans la méditation, on cultive une magnifique qualité, qui prend le nom d’acceptation. Celle-ci est parfois mal comprise. L’acceptation n’induit pas le renoncement ou la résignation. Elle est sous-tendue par le discernement. Il s’agit de discerner avec beaucoup plus de lucidité ce sur quoi nous ne pouvons pas exercer notre maîtrise parce que c’est hors de notre champ, et ce sur quoi nous pouvons agir en ayant de l’impact. Dans nos vies professionnelles, cette voie de sagesse est tellement précieuse : cesser de se battre et dépenser tant d’énergie là où nous n’avons aucun pouvoir, et orienter toutes nos forces là où notre action portera des fruits. C’est à la fois un grand soulagement et gage d’une efficacité amplifiée.

#10 Faire méditer les collaborateurs, c’est les endormir pour mieux les manipuler ensuite.

Certaines précautions sont nécessaires avant de proposer un programme de méditation en entreprise. En particulier, il est indispensable de clarifier quelles sont les intentions sur lesquelles reposent l’initiative. A cet égard, on peut trouver des intentions de diverses natures. Et on peut imaginer une organisation qui propose la méditation à ses collaborateurs dans l’idée de poser un pansement sur des maux sérieux, voire d’endormir leurs aspirations profondes. On peut douter que la méditation réponde à de tels objectifs. En revanche, si les intentions touchent au bien-être des collaborateurs, à la valorisation des qualités humaines, à développer la bienveillance, à harmoniser le collectif…. alors la méditation pourra répondre à de tels besoins et permettre des transformations profondes et durables.

Ces 10 obstacles reposent donc sur des croyances, des idées fausses. Elles révèlent simplement des réticences face à une pratique issue de plus de deux millénaires de sagesse, qui trouve aujourd’hui parfaitement sa place au cœur de l’action, dans les entreprises. La méditation est associée à son histoire originelle, et véhicule des images de moines et d’encens. Aussi - et surtout, comme il s’agit d’un entrainement, qui nécessite discipline et persévérance - il est souvent facile de s’abriter derrière des obstacles pour éviter de s’y plonger.

Néanmoins, l’introduction de la mindfulness en entreprise nécessite certaines précautions et doit se dérouler dans un cadre particulier. Avec cette vigilance, son déploiement a le potentiel de répondre en profondeur aux nouveaux besoins des organisations.

Et c'est animée par cette conviction que j'ai écrit "Osons la Joie au Travail". J'y propose des pratiques de pleine conscience et des entrainements de psychologie positive, pour raviver la flamme de la joie au travail. Vous pouvez trouver le livre ici.

Anne-Valérie

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