Méditer au travail : 3 nouveaux conseils (décalés) pour commencer
Méditer au travail, c’est possible ! Dans mon précédent article, je vous proposais trois pistes, pour vous inviter à vous y mettre, en toute simplicité : commencer minuscule, garder les pieds sur terre, et faire l’escargot. Si vous avez encore besoin d’être rassurés pour vous lancer, voici trois nouveaux conseils. Après, vous n’aurez plus d’excuse pour ne pas tenter l’aventure !
N’attendez rien, si ce n’est des surprises
La méditation porte un grand paradoxe : il n’y a rien à réussir, rien à atteindre. Et pourtant, si on médite, ce n’est pas pour rien ! On se lance tous dans l’aventure avec une idée, une intention, si ce n’est un objectif. Rien à réussir, ça a tout pour plaire. Voilà enfin un domaine où on peut lâcher toute notion de défi, de course, de quête. Quel soulagement ! Je ne vais pas bien ou mal méditer, puisqu’il n’y a rien à réussir. Et puis de toute façon, comment saurais-je si j’ai réussi ? A quelle aune se mesurerait une méditation réussie ou ratée ? L’étalon serait le nombre de pensées que j’ai eues à la minute ? On n’est pas sortis de l’auberge – ou du coussin ! Et si je médite moins que mon voisin, si je cesse de pratiquer pendant une période... Je ne rate rien pour autant ? Ce n’est pas si facile à concevoir.
Et l’affaire se corse lorsqu’on entend qu’en plus, il n’y a rien à atteindre. La méditation, c’est un voyage sans destination. Bon, on peut encore comprendre qu’on n’est jamais arrivé, que l’on peut toujours cheminer et grandir. C’est même assez exaltant. Mais s’il faut aussi renoncer à tout objectif, cela devient plus délicat.
Tout le discours autour de la méditation vante en long, en large et en travers – parfois à tort et à travers aussi – ses « bénéfices » : méditer pour être moins stressé, moins déprimé, moins gros, moins en colère, plus serein, plus gentil, plus concentré, plus performant… Tout ceci est très tentant. Et, souvent, ces bienfaits sont une des portes d’entrée qui amènent à commencer à pratiquer. Néanmoins, si on se fixe sur un de ces bénéfices, on risque de passer à côté de la beauté de la pratique. De la même manière, si on est à quatre pattes à chercher une pépite d’or sur une petite parcelle de terrain, on pourrait très bien ne pas voir la montagne d’or qui scintille un peu plus loin.
Voyez comment vous pouvez poser une vaste intention – trouver votre or – et lâcher la chasse aux petites pépites. Il se pourrait bien alors que votre chemin soit parsemé de pépites et autres joyaux.
Et pour ceux que les études scientifiques rassurent, vous pouvez lire cet article : "Une étude très pointue sur l'impact positif de la mindfulness sur le bien-être psychologique en entreprise".
Comme un papillon, ou un surfer
Méditer au travail, cela commence par une respiration. C’est la première, celle-ci, puis encore celle-ci, qui seule compte. Pour certains, cette invitation est simple. Pour d’autres, elle peut paraître déjà compliquée. Respirer, c’est une de ces activités que nous faisons sans avoir rien à faire. La magie de la vie opère sans que nous ayons aucune action à mener. C’est si simple et automatique que c’en est déroutant. Porter toute son attention sur ce mouvement que l’on contrôle à peine (essayez d’arrêter de respirer, vous verrez jusqu’où vous contrôlez votre souffle !), cela peut sembler difficile. A peine tente-t-on de respirer en conscience que le souffle se transforme, ou les pensées nous assaillent. Lorsque l'on commence à méditer, il n'est pas rare d'être perturbé par ce souffle qui tout à coup se fait plus rapide ou plus lent, alors que justement l'instruction est de le laisser être, tel qu'il est, naturellement.
Alors, il peut être soutenant de visualiser notre attention sur le souffle comme un papillon qui se pose délicatement sur une fleur, une fleur qui danse au gré du vent. A l’inspir la fleur penche d’un côté, et l’expir elle oscille de l’autre côté. Ainsi, le papillon-attention se balance dans un mouvement fluide, le mouvement du vent-souffle qui fait danser la fleur. Cette image peut aider, le temps de quelques cycles respiratoires. Vous pouvez aussi visualiser un surfer, qui glisse sur une vague montante à l’inspir, puis descend en surfant la vague à l’expir. Vous pouvez vous créer vos propres images, celles qui faciliteront pour vous ce rapport amical avec votre souffle.
Alors, prêt(e)s à papillonner ou surfer ?
La première gorgée de café
La première gorgée de bière ayant déjà été « prise » par Philippe Delerm – et celle-ci n’étant pas censée habiter quotidiennement votre travail – je vais me cantonner au café (interchangeable avec le thé ou toute autre boisson non alcoolisée).
Le café offre une magnifique opportunité pour méditer. On parle beaucoup de manger en pleine conscience. Tout un repas, cela peut sembler effrayant ! Alors, pour revenir au premier conseil de mon précédent article : tout ce qui est grand a commencé petit. Osez le minuscule ! La première gorgée de votre (premier) café est le parfait moment pour méditer au travail.
Cette première gorgée est la plupart du temps insignifiante. Elle est avalée, engloutie sans le moindre soupçon d’attention. Elle est noyée dans les pensées qui en même temps ne cessent de se manifester. Elle est diluée dans l’océan des projections, prévisions, planifications. Pauvre première gorgée de café ! Et si vous décidiez de lui donner vie ? Une vie animée par tous vos sens.
Et cela commence avant même cette fameuse première gorgée : choisir d’observer avec curiosité la couleur du café, sa profondeur, les dessins de sa mousse ; choisir de sentir son parfum, laisser sa fumée vous chatouiller les narines ; choisir de prêter attention à la chaleur de la tasse entre les mains, sa forme, sa matière. Puis savourer pleinement cette première gorgée de café. La laisser exprimer tout ce qu’elle porte dans votre bouche. La goûter, l’écouter, la savourer. Puis, peut-être, se sentir relié à tout ce qui a permis à cet instant d’exister : tous les hommes et les femmes qui sont intervenus depuis la graine de caféier plantée, jusqu’au magasin qui a vendu ce nectar en capsules ou poudre… sans oublier le soleil contenu dans cette gorgée, riche de grains qui ont grandi sous ses rayons, quelque part au bout du monde.
La première gorgée de café est infiniment précieuse, prenez en soin.
Méditer au travail, c’est simple, et c’est joyeux. Joyeux comme un chemin plein de surprises, où les papillons jouent à la balançoire sur les fleurs, et où chaque gorgée a la saveur d’un délicat nectar.
Méditer au travail, c’est mettre plus de vie dans notre vie.
Et comme on passe au travail une bonne partie de nos journées, autant en profiter !
Anne-Valérie Rocourt
Méditer & Agir
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