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En méditant, je fais le plein de vide ?

Autant lâcher tout de suite la vérité pour éviter tout malentendu : quand je médite, je ne fais pas le vide.

Il y a là une terrible méprise : "je suis surchargée, débordée, survoltée... Vite, vite, le vide : SOS méditation !"

Et non, la méditation n'est pas une baguette magique anti-mental-fou. Ou pas tout à fait, pas comme ça en tout cas.

Alors, à quoi bon méditer si c’est pour rester empêtré dans ce fatras mental et ces amoncellements émotionnels ? A quoi bon s’astreindre à s’arrêter et s’asseoir, si on ne gagne pas ces contrées vides où tout est calme et volupté ?

La lecture de l’article de Luc Ferry dans le Figaro du 14 novembre (Méditer pour faire le plein ou le vide) m’a inspiré ce billet.

Je ne vais pas épiloguer sur le propos de Luc Ferry, qui associe la méditation de pleine conscience à la psychologie positive et la présente comme une simple écoute narcissique de sa vie intérieure. Evidemment, ce n’est pas du tout ma vision. Sans doute est-ce la position du philosophe qui prend un plaisir intellectuel à critiquer et emploie la réduction pour mieux valoriser sa grande hauteur de vue.

Peu importe !

Cette question autour du plein et du vide m’a inspirée.

Lorsque que je guide des groupes de méditation, je constate qu’une des premières attentes des apprentis méditants est de « faire le vide dans ma tête », « arrêter de penser », « déconnecter le mental ». Et là je désamorce toujours dès le début cette attente qui porte en germe de sérieuses graines de déception : non, vous n’allez pas arrêter de penser, ni jouir d’un grand néant apaisant !

La grande désillusion...

Alors, si la méditation ne permet pas de toucher au vide, c’est quoi cette histoire de vacuité ? Et à quoi bon méditer si c’est pour rester empêtré dans ce fatras mental et ces amoncellements émotionnels ?

Je me suis penchée sur la définition du vide : qui ne contient rien de concret, qui est dépourvu de son contenu.

Comment pourrions-nous être vraiment vides ? Nous avons un corps, un esprit, un cœur, des expériences….

D’après ma compréhension, la vacuité telle qu’elle est présentée dans le bouddhisme nous enseigne que les phénomènes et les expériences n’ont pas d'existence autonome ni permanente.

Tout est interdépendant. Et tout est impermanent.

La vacuité n’est pas le néant.

C’est peut-être une histoire de contenant et de contenu.

Et s’il s’agissait de veiller à ce que le contenu soit assez sagement ordonné pour ne pas déborder du contenant ?

J’imagine aussi d’élargir le contenant pour qu’il puisse accueillir plus amplement le contenu.

Plus que de vide, j’ai envie de parler d’un espace qui s’amplifie, un creux qui se fait plus accueillant, ou un canal plus ouvert à la circulation.

Et je suis amusée d’observer la proximité des mots vacuité et acuité. Car c’est avec cette acuité de perception que l’on perçoit, ou ressent, cette non-dualité. Cette danse entre vide et plein. En enlevant le « v » de vide ou vacuité, on touche à l’acuité, cette sensibilité plus fine que l’on cultive en méditant.

Finalement vide, plein ?… L’idée est de voir avec plus de clarté, d’acuité, ce qui est là, que ce soit le vide ou le plein.

La méditation nous invite plutôt à transcender la dualité vide / plein : à voir le plein dans le vide, et le vide dans le plein. Finalement, l’existence de l’un est liée à l’existence de l’autre. Alors à quoi bon les opposer ou chercher l’un plutôt que l’autre ?

Voir. Regarder. Observer.

Et peut-être finalement dans cet espace plus ample, avec ce regard plus sensible, pourrez-vous contempler cette vie si mystérieuse et se laisser toucher par la grâce.

Envie d'un vrai temps plein d'échange avec moi ?

Anne-Valérie

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