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Comment cultiver notre attention, une si précieuse ressource ?


cultiver notre attention

L'attention est une ressource infiniment précieuse. C'est elle qui donne de la densité et de l'intensité au temps. Sans attention, le temps file et s'effiloche. Notre esprit vagabonde, nous sommes ici et ailleurs, dans ce temps et hors du temps.

Or, notre attention est bien malmenée, en proie à de multiples sollicitations, stimulée par pléthore de distractions. Nous sommes les champions du travail multi-tâches et des activités superposées. Et si nous nous entraînions à cultiver notre plus belle ressource, pour devenir des champions de l'attention ?

De l'inattention à l'attention

A trop vouloir en faire, nous nous dispersons. Nous ressemblons bien souvent à Kali, la déesse indienne aux multiples bras. Nous sommes happés par toutes les sollicitations, ne sachant même plus distinguer l'urgent du prioritaire, ni l'essentiel de l'important. Alors, non seulement nous sommes moins efficaces, mais en plus nous sommes moins heureux. De nombreuses études scientifiques attestent de ces deux effets de l'inattention.

Nous sommes ce sur quoi nous portons notre attention. Et si l'attention génère une puissante énergie de vie, l'inattention entraîne une énergie atone. Dans notre culture profondément façonnée autour du "Je pense, donc je suis" de Descartes, la pensée est reine. Mais qui suis-je, si mes pensées partent vagabonder dans tous les sens ?

Nous nous trompons, en considérant que l'essentiel est de bien gérer notre temps ! Pléthore de livres, formations, conseils, nous enseignent comment mieux maîtriser notre temps, planifier, anticiper... Mais quelle est la valeur de trois heures de travail sur un dossier, si pendant ce temps nous naviguons sur internet, répondons au téléphone, envoyons dix emails, pensons à la réunion du lendemain ? Ces trois heures d'inattention produisent un travail de piètre qualité, et surtout un sentiment d'insatisfaction, qui au fil de ces expériences répétées, provoque frustration, sentiment de tourner en rond, stress, insomnie...

Nous sommes impuissants à retourner dans le passé, ou à accélérer la venue du futur.

Notre pouvoir réside dans le présent. Et ce pouvoir est celui de l'attention que nous y déployons.

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Tisser le fil rouge de l'attention

Pour cultiver notre attention, il est nécessaire de commencer par poser clairement une intention : celle de vivre plus amplement chaque instant, de savourer plus intensément notre vie. Cette intention est essentielle, pour changer nos coriaces habitudes, et passer du pilote automatique de l'inattention, à la direction de l'attention. Vous pouvez commencer par vous demander vers quoi vous avez envie d'orienter votre énergie. Qu'est-ce qui est vraiment essentiel pour vous ? Cela vous donne un cap, un fil rouge sur lequel l'attention se posera, au fin de la journée. Si ce fil est rouge, c'est parce qu'il nécessite beaucoup de soin. Nos habitudes sont solidement ancrées, et il faut du temps... et de l'attention, pour passer d'un mode à un autre.

Aussi, il est utile d'anticiper toutes les sollicitations qui viendront inévitablement chatouiller et malmener votre intention. Une phase de questionnement peut vous aider à clarifier vos sources d'inattention, et identifier comment débusquer les pièges. A quoi êtes-vous prêt à dire non ? Considérez-vous que vous devez vraiment réagir à toutes les interruptions ? Y a-t-il pour vous un moyen d'y répondre différemment, en préservant votre attention ? Quelles sont vont peurs, si vous ne répondez pas immédiatement à toutes les sollicitations ? Sont-elles bien fondées ?...

Cette première prise de conscience de nos schémas est nécessaire, pour éveiller l'envie de cultiver notre attention. Comme pour tout entraînement, il faut de la patience, de la persévérance, de la fermeté, et beaucoup de douceur. On ne devient pas un athlète ou un virtuose de l'attention en un jour ! Et réjouissons-nous, chaque journée est un terrain d'entraînement magnifique, avec mille occasion de progresser.

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Prêter attention au mouvement de la vie

Ce trésor de l'attention n'est pas de la concentration. Il convient ici de faire la distinction. La concentration implique un effort de focalisation. Elle induit un mouvement de fermeture. Le champ se réduit, pour écarter toutes les perturbations, et mettre le projecteur sur un objet. La concentration relève d'une activité mentale, impliquant un rétrécissement des perceptions, pour orienter toute l'énergie vers un point donné. Au contraire, l'attention est un mouvement d'ouverture, qui met en jeu non seulement l'esprit, mais aussi le corps. Il n'y a pas de crispation, mais un élargissement, sans effort.

L'attention, tout en douceur, permet à la présence de se déployer : présence au mouvement de la vie qui ondule en nous, et autour de nous.

Comment cultiver cette attention, se rendre présent à ce mouvement de la vie ?

La méditation de pleine conscience nous invite à cultiver l'attention. L'attention se travaille, comme tout muscle ! Il ne s'agit pas d'un don acquis, immuable. Alors, engageons-nous dans la gymnastique de notre esprit, dont un des fruits sera le renforcement de notre attention.

Notre première salle d'entraînement : la pratique formelle de la pleine conscience - et de l'attention.

On s'entraîne à observer notre respiration, à ressentir ses mouvements, à s'unifier avec son rythme. Puis on étend le champ de notre attention à l'ensemble du corps. Quelles sont les sensations dans chaque partie du corps ? On explore avec curiosité ce corps que nous habitons, et dont pourtant nous nous sentons si souvent séparés. Nos pensées et nos émotions sont encore des champs d'entraînement extraordinaires pour notre attention. Leur mouvement incessant, leur apparition et disparition, notre propension à nous y attacher ou les rejeter, notre rapport avec tous ces phénomènes mentaux est une découverte fabuleuse, et un super-laboratoire pour notre attention. Il s'agit là d'un apprentissage, comme celui du piano ou du dessin : il faut travailler, persévérer avec constance. Nous disposons tous des graines de ce don de l'attention en nous. Néanmoins, pour voir pousser des fleurs, il faut jardiner, inlassablement, au fil des saisons. Même si l'hiver est rude et la floraison lente.

Notre deuxième salle d'entraînement : des mini-moments d'attention, disséminés au fil de la journée.

Par petites touches, notre attention peut s'affûter, jour après jour. On peut déterminer des moments particuliers pour marquer une pause, et prendre conscience de ce que l'on ressent, en cet instant. Ces "pratiques brèves", de une à trois minutes, peuvent prendre la forme d'un "espace de respiration" (se reconnecter simplement à sa respiration), ou d'une "météo intérieure" (prendre conscience de notre état intérieur : sensations corporelles, pensées, émotions). Ces courts rendez-vous avec soi-même peuvent être ritualisés, en faisant sonner une alarme à certains moments de la journée, ou lors des moments de transition par exemple : file d'attente, transports... Certains moments sont privilégiés pour marquer ce "stop" : lorsque l'on sent le stress monter, une contrariété nous titiller, une peur nous envahir. Revenir au souffle, prendre contact avec son corps, poser notre attention sur ce qui est là, sont des exercices qui à court terme permettent de mieux vivre ce qui nous traverse, et à plus long terme développe notre capacité à nous ouvrir à ce qui advient.

Notre troisième salle d'entraînement : la vie elle-même !

En développant notre attention, ce sont les yeux de l'esprit et du coeur que nous ouvrons plus grands. Chacune des activités de nos journées est une opportunité pour nous entraîner : les repas, la vaisselle, la douche, le brossage des dents, les transports... Lorsque nous tentons l'expérience de mener une des ces activités en y prêtant vraiment attention, nous découvrons à quel point nous sommes le plus souvent ailleurs : le corps ici, et l'esprit parti. Et l'esprit est généralement parti dans des ruminations pesantes, ou dans des projections inquiétantes, plus que dans un paysage joyeux ! En outre, en accomplissant ces activités, même les plus simples et les plus ingrates, avec attention, on touche à une forme d'apaisement, de détente : la détente de l'esprit qui se repose dans la simplicité du présent. Cette ouverture de l'attention peut aussi embrasser chacun de nos moments de relation avec les autres et avec le monde. Dans les interstices créés par l'attention, nous pouvons alors nous sentir éblouis par la vie.

Chaque pépite d'attention que nous faisons briller nous ramène au présent vivant. Pour un instant ou une éternité.

Anne-Valérie Rocourt

Fondatrice de Méditer & Agir

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