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Comment mettre (encore) plus de joie dans ses journées de travail

Je suis touchée par le désengagement professionnel que j’observe autour de moi, et celui que révèlent les enquêtes, comme celles qui montrent que seulement environ 10% des salariés français seraient engagés dans leur entreprise. Un actif sur quatre estime que son travail dégrade sa santé. Ces chiffres sont alarmants, et ils sont incarnés par les mots que j’entends, les témoignages que je recueille, aussi bien parmi mes proches que chez les personnes que j’accompagne professionnellement.

Je me sens aussi concernée par la perte de sens, et de joie (il y a sans doute une corrélation entre ces deux petits mots), que je ressens dans les univers où j’évolue.

Le concept de bonheur au travail a fait irruption, comme pour panser les maux du travail. Sa résonance partout en France et dans le monde indique qu’il y a là un sujet majeur. Les solutions proposées semblent parfois complexes, ou hors d’atteinte, pour voir son bien-être s’améliorer sans attendre des actions impulsées « de l’extérieur ». C’est pourquoi je trouve intéressant et encourageant de considérer que nous pouvons, chacun là où nous sommes, commencer à introduire des changements. Des petits pas pour prendre le pouvoir sur notre « bonheur au travail ».

Dans un précédent article (à lire ou relire ici) , j’avais évoqué deux axes à explorer pour cultiver plus de bien-être au travail : déployer les ailes de nos forces, et cultiver un esprit d’apprentissage. Je propose dans cet article de poursuivre le chemin, en trois étapes, pour faire de nouveaux petits pas vers plus d’enthousiasme, d’épanouissement et de vitalité dans nos journées de travail.

1. Réinventez votre titre

Le titre que nous arborons au travail est porteur de bien des images et projections. La plupart du temps, ce titre n’est guère enthousiasmant, et est un pâle reflet de la richesse de nos activités (notre fonction), et de la manière dont nous les menons (notre singularité). Souvent, ce titre nous est donné, il est imprimé sur le contrat de travail, une carte de visite, une signature… et nous ne le remettons pas en question – même s’il n’enchante pas notre quotidien : assistant administratif, comptable, chef des ventes, responsable logistique…. Ca ne fait pas (toujours) rêver !

Et si nous remettions un peu d’enchantement dans ce titre qui nous colle à la peau ? Le jeu consiste à remplacer ces mots un peu arides, stéréotypés, et connotés, par d’autres termes qui évoquent nos talents, nos valeurs, notre contribution. J’ai découvert ce retournement il y a quelques années, en assistant à une conférence de Chade Meng Tan, ingénieur chez Google et devenu celui qui a créé une ambiance plus harmonieuse en introduisant la méditation et l’intelligence émotionnelle chez Google. Il se présente comme le « jolly good fellow » (« bon camarade »), et c’est le titre affiché sur sa carte de visite.

Dans certaines entreprises américaines, en jouant ainsi à transformer leurs titres, un directeur financier est devenu ministre des dollars, ou une assistante administrative, déesse des souhaits. Une étude menée dans des entreprises qui s’étaient prêtées à ce jeu a montré que l’esprit d’équipe est stimulé, l'engagement renforcé et la performance améliorée. Ce tout petit changement allège la charge émotionnelle liée à un poste exigeant, en permettant de mieux exprimer qui nous sommes, et d’entrer en lien avec les autres plus facilement. Les effets sont les plus importants, évidemment, quand une équipe, ou mieux encore, l’entreprise, joue le jeu. Alors, vous voyez-vous magicienne de l’espace, duchesse des chiffres ou gai luron des richesses ?

2. Changez votre histoire

Dans la même veine, avec cette intention de renouer avec notre identité et de l’exprimer autour de nous, une autre approche consiste à modifier notre histoire, notre manière de parler de notre travail. En changeant la façon dont nous racontons ce que nous faisons, nous ancrons intérieurement, aussi, une autre histoire. Une histoire plus porteuse et riche de sens. Le même travail, sans changer la manière dont nous le faisons, peut prendre un sens très différent quand nous nous appliquons à changer notre narration intérieure, et notre discours vis-à-vis de l’extérieur.

Comment opérer ce changement narratif ? En se focalisant non plus sur le « comment », mais sur le « pourquoi ». Le « comment » indique ce que nous faisons au quotidien, le contenu de nos activités. Le « pourquoi » pointe vers notre mission, le sens, notre contribution au monde. Par exemple, je peux me présenter en disant que je propose des formations et des accompagnements basés sur la psychologie positive et la méditation de pleine conscience. C’est le « comment ». Et, franchement, en écrivant cela, je ne ressens pas beaucoup d’enthousiasme. Une autre manière de me présenter consiste à dire que je contribue à créer plus d’engagement joyeux dans les entreprises. C’est mon « pourquoi » (exprimé de manière synthétique). En partageant mon « pourquoi », je me sens plus inspirée, plus énergisée. Et cela, sans compter l’effet que cela a sur les autres. Si je pense à mon expert-comptable, il peut se présenter en disant qu’il prépare des bilans et comptes de résultat (« comment »), ou en mettant en avant le fait qu’il aide ses clients à développer leur activité en toute sérénité (« pourquoi »). Quelle différence !

Quand nous nous relions au sens profond de nos actions, quand nous avons confiance dans le fait que notre travail ne se limite pas au comment, mais embrasse un pourquoi beaucoup plus vaste et stimulant, nous consolidons notre résilience, et nourrissons notre bien-être au quotidien. Cet exercice de réécriture de notre histoire est très simple, et néanmoins très puissant.

3. Soyez conscient de votre impact

Après avoir habité différemment votre fonction et réécrit votre histoire, vous êtes prêt à prendre conscience de l’impact que vous avez sur votre entourage, votre entreprise, et le monde. Souvent, la perte de sens évoquée par tant de salariés désengagés est liée à une déconnexion totale entre leur activité, et un quelconque effet. « Ce que je fais ne sert à rien…. Je suis un simple pion sur un échiquier… Je me sens perdu au milieu de toutes ces réorganisations… » Il s’ensuit un sentiment d’inutilité, de dépréciation, de perte de sens.

Pourtant, en y regardant de plus près, chacun à son échelle peut identifier un « pourquoi », une contribution à quelque chose de plus vaste que le champ étriqué du quotidien. En prenant de la hauteur sur son poste et sur comment on le fait, on peut voir apparaître du sens. Nous avons tous un impact sur nos collègues, sur notre société, et plus largement encore. Cet exercice peut paraître exigeant. Il s’agit d’élargir notre perspective.

Et si dans le cadre de l’entreprise ce sens semble vraiment absent, il existe sans doute en dehors de ce champ : mettre ma famille en sécurité, me sentir libre de m’offrir des vacances dans les endroits qui m’attirent….

En étant conscient de l’interconnexion qui existe entre nous et tout notre environnement, nous pouvons discerner de nombreuses manières dont nous laissons une trace autour de nous. Et nous pouvons même alors choisir d’amplifier cet impact positif, en cultivant des qualités comme la gratitude, la gentillesse, l'émerveillement. Oui, même au travail !

Gandhi disait : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Ces changements commencent par notre responsabilité de prendre soin de nous-mêmes, dans tous les champs de notre vie, y compris au travail. C’est le socle sur lequel nous pouvons contribuer à transformer nos organisations et le monde.

Anne-Valérie Rocourt

Méditer & Agir

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