Comment reconnaître sa vocation ?
"Ainsi n’écoute jamais ceux qui te veulent servir en te conseillant de renoncer à l’une de tes aspirations. Tu la connais, ta vocation, à ce qu’elle pèse en toi. Et si tu la trahis c’est toi que tu défigures, mais sache que ta vérité se fera lentement car elle est naissance d’arbre et non trouvaille d’une formule, car c’est le temps d’abord qui joue un rôle, car il s’agit pour toi de devenir autre et de gravir une montagne difficile. Car l’être neuf qui est unité dégagée dans le disparate des choses ne s’impose point à toi comme une solution de rébus, mais comme un apaisement des litiges et une guérison des blessures."
Antoine de Saint Exupéry, Citadelle.
Quel magnifique texte de Saint Exupéry ! - un texte d'une dense légèreté : densité dans ce poids que nous portons chacun, dans notre vocation à accomplir... et légèreté dans l'apaisement que le chemin procure.
Notre vocation : un arbre qui ne demande qu'à naître
Saint Exupéry compare notre vocation à la naissance d'un arbre. Nous portons tous en nous la graine de cet arbre. Et notre mission est de lui offrir les conditions propices à sa croissance et à son épanouissement. Certains arbres restent en terre, car leur graine n'a pas été suffisamment soignée. D'autres arbres poussent et déploient leurs branches, recevant le soin nécessaire.
Alors, quel arbre portons-nous ? A quoi la vie nous appelle-t-elle ? Chacun sa vie, chacun son arbre. Une chose est sûre, la graine de notre vocation est là, qui ne demande qu'à éclore. Pour l'accompagner, il nous appartient de lui offrir de la lumière, arroser, mettre de l'engrais, prendre soin des jeunes pousses...
C'est alors que cet appel peut s'incarner en travail, cet "amour rendu visible" dont parle Khalil Gibran (à lire dans cet article).
Cela commence par ralentir, prendre le temps, créer de l'espace.
Comment notre arbre pourra-t-il prendre racine sur un terrain envahi par une forêt dense et sombre ? Tout jardinier sait qu'il faut du temps pour prendre soin de son jardin. Et chaque plante a besoin de son espace propre pour se déployer. Il s'agit donc ici de s'autoriser à prendre le temps de se poser les bonnes questions, remettre en cause ses habitudes, élaguer les vieilles branches et arracher les mauvaises herbes, s'alléger.
Le grand secret de notre vocation réside dans notre coeur.
Ce dernier est doté d'une voix qui nous chuchote bien des choses. Cette voix est discrète, fluette, et bien souvent elle ne parvient pas à se faire entendre dans le brouhaha des pensées produites par notre mental tout-puissant. L'ego est aux commandes, et il veille à ce que nous ne sortions pas des sentiers battus et rebattus. Ce serait un danger de ne plus nous identifier à notre petit "moi" étriqué ! Il faut une bonne dose de courage pour partir à la rencontre de la voie indiquée par la voix du coeur.
Nous avons tous des talents qui nous sont propres.
Cette citation attribuée à Aristote est très éclairante : « Là où vos talents et les besoins du monde se rencontrent, là se trouve votre vocation ». Ces forces que nous portons sont celles qui sous-tendent notre vocation. Certaines questions peuvent nous aider à identifier ces talents :
- Quels sont vos loisirs ? Qu'est-ce que vous adorez faire ?
- Quelle activité faites-vous en perdant la notion du temps ?
- Quels étaient vos jeux d'enfant ?
- Si vous gagniez au loto, que feriez-vous de vos journées ?
- Qu'est-ce qui vous donne de l'énergie ?
- Pensez à trois situations où on a loué vos talents...
Notre graine de vocation porte notre singularité. Et, en prenant conscience de notre singularité, et en l'assumant, nous sommes sur le chemin de notre plus belle alchimie : celle qui allie ce qui nous donne du plaisir, là où nous sommes bons, et là où nous apportons notre contribution au monde.
Oser !
Il se peut que nos talents soient très éloignés du coeur de nos activités aujourd'hui. Il se peut même que leur faire de la place nécessite du temps pour se former, de l'audace pour passer outre le jugement des autres, de la confiance pour lâcher la peur de ne pas "gagner sa vie"... Oui, avancer vers sa vocation, ce n'est pas nécessairement confortable. Souvent, ça ne l'est pas : il faut sortir de sa zone de confort, prendre des risques, affronter le regard des autres. Il y a d'un côté cette partie de nous qui sent bien qu'on est en train de passer à côté de notre vie, de ce à quoi la vie nous appelle vraiment. Et puis il y a cette autre partie de nous qui est apeurée : peur de l'insécurité, peur de l'inconnu, peur de se tromper... peur de trop briller ?...
Envie de dire oui ? Je vous invite à commencer par un oui simple et accessible, en téléchargeant ce livret que j'ai créé pour vous. Je vous propose 9 questions, 9 thèmes essentiels, pour mettre de la clarté sur votre vocation, votre mission.
Chacun son rythme, pourvu que les racines embrassent
tendrement et profondément la terre nourricière.
La méditation pour cheminer vers sa vocation
« Laissez-vous entraîner en silence par l’appel mystérieux de ce que vous aimez profondément… vous ne vous égarerez jamais. »
Rumi
Nous avons exploré quatre étapes pour cheminer vers notre vocation :
- Ralentir
- Ecouter son coeur
- Prendre conscience de notre singularité
- Oser
La méditation de pleine conscience offre une aide précieuse pour traverser ces étapes et nous connecter à notre mission de vie.
Ralentir et créer de l'espace
C'est précisément l'invitation première de la méditation : s'asseoir, poser son corps, déposer ses pensées. Marquer une pause et se reposer dans le silence. Ce repos-là n'est pas toujours de tout repos. Il suffit souvent de ne rien faire pour que justement l'esprit s'agite encore davantage. Alors que l'on cesse de s'occuper, de faire, il se charge de nous pré-occuper : nous créer des tracas par anticipation. Mais le méditant n'est pas dupe ! Il voit ce petit manège opérer, et il le débusque gentiment : je décide de ralentir, corps et esprit unis.
Dans ce temps et cet espace clarifiés, il y a de la place pour que des réponses puissent émerger.
Ecouter la voix du coeur
Dans le silence de la pleine conscience, nous tendons l'oreille vers les chuchotements de notre coeur. L'ego continue de s'égosiller, les pensées essaient de nous entraîner... comme d'habitude ! Sauf que nous avons décidé de sortir du sillon des habitudes, précisément !
Dans la sagesse du coeur se trouve la précieuse graine de notre mission sur terre. Quand les eaux troubles de l'esprit s'apaisent, la clarté peut nous laisser entrevoir cette graine. Ces moments de clarté sont souvent fugaces. Toutefois, en persévérant, on commence doucement à voir se dessiner les contours de l'arbre que nous portons. Parfois on voit juste un morceau d'écorce, puis la nervure d'une feuille... et petit à petit l'arbre prend forme. Il nous appartient alors de lui apporter les soins appropriés pour qu'il puisse se déployer.
Prendre conscience de notre singularité
Nous avons chacun une palette de talents multicolore et unique. La pratique de la méditation est aussi une exploration de nos comportements, de nos lumières et de nos ombres, et de notre unicité.
Si dans les champs du quotidien nous pouvons nous sentir comme des moutons qui broutons avec nos congénères, dans la jardin de la pleine conscience, la beauté de notre singularité nous est révélée. Oh, il ne faut pas attendre une grande révélation fulgurante ! Il ne faut rien attendre du tout d'ailleurs. Néanmoins, dans cette présence à la fois droite, ouverte et humble, on sent bien qu'il y a en nous une beauté à nulle autre pareille. Il y a une vie qui frémit et nous appelle. Notre instrument joue une mélodie qui lui est propre. Et cette mélodie existe pour rejoindre la grande symphonie du monde.
Dire oui !
Qu'est-ce que je fais lorsque je m'assois sur mon coussin de méditation ? Rien, pardi ! Quoi que... si... je dis oui à la vie ! Un grand oui à l'appel de la vie. Cet appel prend parfois des formes farfelues, déroutantes, très éloignées de mes espoirs et de mes attentes. Et j'apprends à dire oui, oui à tout ce qui est là : les événements, les circonstances, les autres, les émotions... et oui à moi. C'est peut-être là la partie la plus difficile en fait : me dire un grand OUI à moi, dans ma singularité, mes ombres, mes imperfections. Il en faut de l'audace et du courage pour dire oui plutôt que non.
Et dire OUI à cette vocation que je porte, et qui me titille, et qui m'intrigue, ce n'est pas la voie de la facilité, parce que mes premiers pas m'ont un peu éloignée de mon élan de vie. Je pourrais mettre ces chemins de traverse sur le dos de mon éducation, mes parents, l'école, la société, tous "les autres"... Mais je me sens responsable, porteuse d'une joyeuse responsabilité : celle de vivre pleinement et d'ouvrir complètement le cadeau de la vie qui m'a été offert.
Avoir de la clarté sur cette vocation, avoir confiance dans notre capacité à l'incarner, cela ne nous tombe pas dessus du jour au lendemain, c'est tout un chemin. Si l'aventure vous tente, j'ai créé un guide de voyage, qui vous mène en 9 étapes sur ce chemin...
Anne-Valérie Rocourt
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